L'ambition de la pièce est d’amener le spectateur à réfléchir sur le rôle de chacun, qu’il soit passif, complice, facilitateur, opposant ou neutre, lorsque l’on appartient à un système dont la complexité empêche de lier directement nos actions à leurs effets. Rien n’est tout blanc ou tout noir, mais ce qui est effrayant ici c’est la soumission volontaire de l’homme à un monde qu’il a créé mais qui le dépasse : une sorte de syndrome de Stockholm économique.
L’actualité est la première source d’inspiration : les liens décriés entre Monsanto et les sociétés de sécurité privé (type Blackwater) ou d’”intelligence” (comprendre espionnage) ; la condamnation de Kokopelli, une association qui défend les semences anciennes contre les grands groupes de l’agroalimentaire et du pétrochimique qui privatisent le vivant ; la bataille de Yasmine Motarjemi contre Nestlé qu’elle accuse de privilégier le profit à la sécurité alimentaire ; le principe des “revolving doors” qui fait que les structures de régulation (comme la FDA aux Etats-Unis) sont pourries par l’opportunisme de ses membres, futurs promus chez les multinationales qu’ils sont sensés contrôler.
Autre influence notable, la Naissance de Huis Clos par Jean-Paul Sartre: “... beaucoup de gens sont encroûtés dans une série d'habitudes, de coutumes, qu'ils ont sur eux des jugements dont ils souffrent mais qu'ils ne cherchent même pas à changer. Et que ces gens-là sont comme morts. En ce sens qu'ils ne peuvent briser le cadre de leurs soucis, de leurs préoccupations et de leurs coutumes; et qu'ils restent ainsi victimes souvent des jugements qu'on a portés sur eux.”